Face à l’urgence environnementale et à la nécessité de repenser nos pratiques numériques, l’éco-conception s’impose comme un levier incontournable pour réduire l’empreinte des infrastructures IT. Pourtant, ce sujet reste souvent cantonné aux phases de développement logiciel, laissant de côté la dimension opérationnelle. C’est pour combler ce manque que Brice Le Roux, consultant OCTO Technology et référent de la formation ECOPS, a conçu un parcours spécifiquement dédié à l’optimisation des opérations par l’éco-conception.
Dans cette interview, Brice partage sa vision, les motivations qui l’ont poussé à créer cette formation, ainsi que les principaux obstacles rencontrés par les entreprises dans la mise en œuvre de pratiques plus responsables et propose des solutions concrètes et actionnables pour concilier performance opérationnelle et durabilité environnementale.
Découvrez comment la formation “Optimiser les opérations par l’éco-conception” ambitionne de rapprocher opérationnels et décisionnels, et d’accompagner la transformation des pratiques IT vers plus de sobriété, d’efficience et d’observabilité, au service d’un numérique plus responsable.

Qu’est ce qui t’a motivé à concevoir cette formation sur l’éco-conception des infrastructures numériques ?
Tout d’abord, c’est un sujet auquel je suis sensible, à mon sens la partie infrastructure est le parent pauvre de l’éco-conception aujourd’hui et quand dans la chaîne de valeurs, nous adressions correctement toutes les étapes, celle-ci était manquante.
Cette partie était également manquante dans le domaine de la formation, on peut notamment prendre en exemple le terme GreenOps qui n’est à l’heure actuelle toujours pas un standard, c’est un terme qui existe sans faire l’objet d’un réel consensus.
De plus, on a également senti un besoin concret de la part d’un public composé d’Ops ou de techniciens opérationnels, qui assistaient à des formations architectes qui ne leur correspondaient pas forcément.
C’est pourquoi dans cette formation, on adresse le front, le back et le développement, on dispense également des formations d’acculturation à destination de publics n’étant pas particulièrement technique et nous essayons de faire comprendre que l’effort de réduction de l’empreinte environnementale passe par tous les niveaux et par toutes les étapes de la chaîne de production de valeur.
Quels sont les principaux obstacles que les entreprises rencontrent lors de la mise en œuvre de pratiques d’éco-conception, et comment la formation aide-t-elle à les surmonter ?
Il existe tout d’abord, un sentiment chez les opérationnels de ne pas disposer des leviers nécessaires, à cause d’une sorte de coupure avec le décisionnel et les faisant s’auto-percevoir comme des exécutants.
De plus, dans certains organes de décisions, des critères économiques ou bien sécuritaires ont tendance à passer en priorité devant les critères environnementaux ou RSE.
Il existe également des freins de communication à l’intérieur des entreprises à propos de supports ou moyens mis en œuvre dont les techniciens ou Ops ne sont même pas au courant.
Ces différents obstacles se traduisent par un public qui ne se sent pas décisionnaire, on essaie donc, de les amener à prendre possession d’un certain nombre de leviers qui sont à leur portée et de leur faire prendre conscience du pouvoir qu’ils ont à leur échelle, pour prendre place dans cette chaîne d’économie des ressources.
Ces leviers peuvent passer par le décommissionnement des environnements dès la phase de conception d’un projet, d’être capable de pousser pour que l’on traite correctement la fin de vie d’un projet applicatif, par l’économie de stockage ou bien une meilleure gestion des datas… Nous leur présentons un certain nombre de solutions qui leur permettent de faire la mesure d’empreinte environnementale de leur système, que ce soit sur l’aspect électrique ou bien sur tous les autres critères de mesure environnementaux.
Comment la formation aide-t-elle les participants à concilier performance opérationnelle et durabilité environnementale ?
Ce sont souvent deux éléments qui se rejoignent, quand nous présentons la logique d’éco-conception, il y a ces trois piliers que sont la sobriété, l’observabilité et l’efficience, tout cela va dans le sens de la performance et c’est tout à fait compatible.
Cela peut s’illustrer par exemple, lorsqu’une stratégie d’extinction de l’environnement la nuit est mise en place, il y a la garantie que toute la chaîne fonctionne, ce qui rejoint une optique de maintenabilité, avec la vérification de l’intégralité de sa chaîne au démarrage d’une application et qui va donc bien dans le sens de la performance.
Nous pouvons également mentionner l’économie de ressources physique dans les Data Center qui va permettre d’avoir plus de marge de manœuvre en cas de problèmes et qui va nous rendre plus opérationnel dans la gestion du parc.
Comment cette formation se distingue-t-elle des autres formations sur la même thématique présentes sur le marché ? Quel est son Octo Touch ?
Le principal atout de cette formation c’est qu’elle bénéficie de beaucoup de retours d’expérience, notamment alimenté par ce que l’on a rencontré sur le terrain avec une grande dimension pratique, où l’on a la capacité de s’adapter à des publics qui sont tout de même différents.
De plus, c’est une formation qui s’adresse à des publics un peu oubliés qui ne trouvaient pas ce qu’ils cherchaient dans l’offre de formation existante, elle se distingue notamment par son côté actionnable qui fournit des solutions concrètes à appliquer au sein de son environnement.
Comment vois-tu l’évolution des pratiques d’éco-conception dans le domaine de l’IT au cours des prochaines années ?
Nous avons pu constater sur les dernières années qu’il y avait eu une forme de switch de la culture d’ingénieur, allant d’une culture de l’économie vers une dépendance à tout-va de l’exploitation de ressources, ce que nous prêchons, c’est un retour à une vision originale du métier d’ingénieur, qui est un métier où l’on économise les ressources.
Cela se manifestera sans doute par une convergence des luttes notamment avec le Finops, nous faisons face aujourd’hui à une explosion des coûts dans le numérique avec notamment le prix de l’énergie, la raréfaction d’un certain nombre de ressources et un durcissement des obligations légales envers les entreprises.
Ces différents facteurs vont créer une nécessité de se tourner vers des pratiques plus responsables même si le point d’entrée ne sera pas toujours côté numérique responsable mais aussi économique, cela rejoindra à la fois une nécessité de réduire les coûts et une meilleure maîtrise de son infrastructure
En outre, je pense qu’il y a une vraie appétence pour ça, il y a un discours de plus en plus favorable dans les entreprises, bien qu’il y ait encore des freins à différents niveaux qui font que cela reste compliqué.
Un jour ou l’autre, toutes ces appétences vont se rencontrer et faire que cela fonctionne et c’est justement ce que l’on essaie de mettre en place, rapprocher l’opérationnel du décisionnel dans cette logique d’éco-conception.
À propos de la formation
« Optimiser les opérations par l’éco-conception »
Si éco-concevoir n’est aujourd’hui plus un choix pour les acteurs du numérique, mais une nécessité, la majeure partie des formations existantes se concentrent principalement sur les leviers lors des phases de conception et de développement, faisant ainsi de l’infrastructure le parent pauvre de l’approche.
Conçu par les experts GreenOps d’OCTO Technology, ce module a pour but de s’approprier la démarche d’éco-conception appliquée au métier d’Ops et d’être en capacité d’injecter celle-ci dans son infrastructure tout en veillant à l’observabilité et la maintenabilité de son environnement. Au travers de retours d’expérience et de mises en pratique, les stagiaires sont ainsi amenés à identifier les actions qui peuvent être déployées au sein de l’infrastructure lors des différentes phases du cycle de vie du produit/service numérique tout en s’appropriant les principaux outils du marché à leur disposition et les référentiels régissant les bonnes pratiques.